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S.O.S FESTIVALS EN DANGER

Dimanche dernier, s'est achevée la 43e édition du Printemps de Bourges, véritable institution dans le paysage des festivals français. Son co-fondateur, Daniel Colling, livre pour nous son analyse de la crise actuelle des festivals. Une interview percutante issue de Novascopie Culture 2019.


QUELLE EST LA SITUATION EN FRANCE DE L’OFFRE DE SPECTACLES AU REGARD DE L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE (FESTIVALS VS. SALLES TRADITIONNELLES) ?


Un festival a l’avantage d’offrir à un artiste l’opportunité de s’exposer à des publics qui ne le connaissent pas, avec une promotion plus large que pour une salle traditionnelle, à peu de frais puisqu’ils n’ont rien à organiser. Mais se produire à un festival a aussi des contraintes puisque l’artiste ne peut pas se produire dans les salles dans un périmètre de 100 km. Du côté du public, se rendre à un festival, c’est participer à une aventure large, un acte social bien plus collectif qu’un concert dans une salle, où la relation est très émotionnelle : on vient voir quelqu’un qu’on aime, pour une sortie d’un soir.


QUELLE EST LA SITUATION ÉCONOMIQUE ACTUELLE DES FESTIVALS EN FRANCE ET QUELS SONT CEUX QUI RÉSISTENT LE MIEUX ?


Ce sont bien sûr les plus gros festivals qui résistent le mieux, car ce sont eux qui ont la capacité de gérer au mieux les cachets des artistes. Les petits et les moyens festivals peinent à répondre aux attentes des producteurs.

C’est la raison pour laquelle les gros festivals sont ceux qui ont le plus de succès : le public est nombreux, donc les artistes s’y rendent, donc ces festivals attirent encore plus de monde. Un véritable foisonnement se crée, comme on peut le voir aux Vieilles Charrues ou aux Eurockéennes. Leur notoriété leur permet de créer un rapport de force avec leur public, preuve en est, la guerre fait rage pour savoir quel festival aura vendu le plus de billets à l’ouverture des locations ! A titre d’exemple, 250 000 billets se sont vendus en 2 heures après l’ouverture de la billetterie du Paléo Festival de Nyon !

Les petits festivals ont des difficultés économiques et ne peuvent se permettre d’assumer les cachets d’artistes, d’autant plus que les producteurs et managers sont de plus en plus exigeants depuis une quinzaine d’années.


QUELS SONT SELON VOUS LES FACTEURS CLÉS DE SUCCÈS POUR PERMETTRE AUX FESTIVALS DE SURMONTER CETTE CRISE ET SE DÉVELOPPER DE MANIÈRE PÉRENNE ?


Les petits et moyens festivals ont intérêt à grossir, pour développer leurs ressources et donc programmer des artistes à la renommée plus importante. Le développement de leur notoriété est aussi le moyen d’obtenir des partenariats. Il y a donc tout d’abord une notion de taille critique.

En second lieu, il faut un site attractif, qui donne envie de venir vivre une petite aventure dans un espace de liberté. Une offre de restauration est un plus : le Paléo Festival propose par exemple une cinquantaine de restaurants et des cuisines du monde entier, qui enrichissent naturellement l’expérience.

Ensuite, les partenariats : plus le festival est connu, plus il sera facile de capter des partenariats.


« Se rendre à un festival, c’est participer à une aventure large, un acte social bien plus collectif qu’un concert dans une salle, où la relation est très émotionnelle. »


Lorsque j’ai créé le Printemps de Bourges, j’avais bâti mon modèle économique en 3 points : 1/3 de billetterie, 1/3 de partenariats, et 1/3 de partenariats publics.

Un double ancrage, territorial et thématique, est enfin indispensable. Le Printemps de Bourges a fonctionné car c’est un festival régional. Un festival comme Hellfest, autour du métal, fonctionne grâce à une identité forte. Depuis 40 ans, les publics se socialisent. Le ciblage est donc essentiel.


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